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Le DAB : espèce(s) protégée(s)

La banque britannique Lloyds vient d'annoncer son intention de rémunérer les commerçants acceptant de mettre en place une offre de cash-back (distribution d'espèces en point de vente). L'objectif : faciliter l'accès aux espèces dans un pays où les DAB sont en voie de disparition.

Ô surprise, alors que "la fin du cash" n'en finit plus de faire la une des médias, la suppression des DAB serait donc un problème en Europe ?

En France, en novembre dernier, une proposition de loi visant à lutter contre la désertification bancaire a été déposée au Sénat et adoptée en première lecture.

Ce texte vise à favoriser « le maintien ou la création de distributeurs automatiques de billets dans les communes victimes de désertification bancaire ».

Le groupe qui porte cette proposition affirme avoir constaté qu’il manque environ dix distributeurs automatiques de billets par département. Prenant au sérieux le rôle de représentation des territoires du Sénat, il a voulu montrer que l’évolution ne doit pas marginaliser l’usage des espèces.

Comment en est-on arrivé à délaisser nos distributeurs au point de pousser les sénateurs à légiférer ?

Le distributeur automatique de billets, DAB de son petit nom, ce symbole de l’innovation monétique des années 70 (le premier DAB a été installé par la Barclays à Londres en 1967) subit de plein fouet les transformations de notre quotidien.

Il y a tout d’abord l’usage en baisse des espèces, encouragé par un cadre juridique qui limite désormais à 1 000 euros le plafond de paiement en espèces aux commerçants et l’acceptation de la carte bancaire pour les petits montants, notamment en mode sans contact, avec sa commission particulière.

Ajoutons à cela la baisse de vitalité des centres villes au profit du commerce en ligne et des centres commerciaux, et nous comprenons aisément pourquoi nous avons tendance à délaisser nos DAB. Et ce ne sont pas les banques qui vont lutter, perçus par certaines comme de véritables gouffres financiers, elles préfèrent les retirer - dans le même temps, parfois, que les agences elles-mêmes.

Et de tomber inévitablement dans le cercle vicieux voulant que la fermeture d’une agence bancaire entraine une baisse de fréquentation des commerces attenants, et que la baisse d’attractivité d’un quartier pousse à la fermeture des agences bancaires.

Si ce phénomène passe plus ou moins inaperçu dans les grandes villes, il peut devenir problématique dans certains milieux ruraux qui cumulent différentes difficultés : population de seniors attachée aux espèces, mauvaise couverture numérique ne permettant pas de faire fonctionner correctement des terminaux de paiement et centres commerciaux parfois trop éloignés.

C’est pour garantir à ces populations l’accès aux espèces que cette proposition de loi a vu le jour.

Pour lutter contre la désertification bancaire dans ces communes, cette loi s’est ainsi fixé l’ambitieux objectif d’y maintenir, voire d’y implanter des DAB.

Pour y parvenir, les sénateurs ont imaginé deux voies, détaillées en deux articles :

  • L’article Ier annonce la création du « fonds de maintien et de création des distributeurs automatiques de billets dans les communes rurales ». S’il n’est pas fait mention de montants, nous savons que ce fonds aura trois sources de financement : une partie d’une taxe notamment prélevée aux banques, des dons et une participation de la Caisse des dépôts et consignations qui serait également chargée d’en assurer la gestion.
  • L’article 2 prend en charge le maillage territorial en DAB et impose une distance minimale des bureaux de La Poste qui proposent un distributeur. Exploitant ainsi les missions de service public de La Poste et de La Banque Postale relatives à l’aménagement du territoire et à l’accessibilité bancaire.

Ces mesures devront toutefois n’être appliquées qu’en dernier recours. En effet, les sénateurs ont rappelé en séance les alternatives déjà en place qui devraient, dans une grande partie des cas, suffire à répondre aux besoins.

Parmi ces solutions, il y a celle, toute récente du « cash-back », cette notion introduite par le DSP2, prévoit que, depuis le 1er janvier 2019, les commerçants qui le souhaitent peuvent proposer ce service consistant à remettre des espèces (60 euros maximum) à leurs clients à l’occasion d’un paiement par carte.

Autre solution citée par les sénateurs, encourager les commerçants à implanter des DAB directement dans leurs locaux (il y en aurait aujourd’hui environ 4 000).

 

Finalement, si une baisse de fréquentation, des coûts de gestion élevés et des mesures de sécurité de plus en plus exigeantes sont en train d’avoir raison de nos DAB, les sénateurs semblent donc vouloir enrayer le phénomène par tous les moyens. Il ressort de leurs échanges une volonté de ne pas enterrer les espèces. Quelles que soient les solutions qu’ils privilégient, tous s’accordent pour dire qu’il faut trouver des solutions à court terme afin que les personnes qui en ont le plus besoin puissent vivre sereinement cette période transitoire vers le « tout numérique ».

En 2019, les espèces semblent encore être essentielles, notamment sur un certain type de transactions quotidiennes. Mais qu’en sera-t-il demain ? Avec le recul que nous avons aujourd’hui, on peut se demander si le DAB n’était pas déjà la réponse à une situation transitoire entre le monde des espèces et celui de la carte, auquel cas il ne faudra alors pas tenter de le ressusciter mais peut-être admettre qu’après avoir accompli sa mission, il est simplement temps pour lui de tirer sa révérence.