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INTERVIEW : « PayPal se veut agnostique en termes de technologie », selon Damien Perillat.

Fort d’une « logique de croissance soutenue », PayPal vise en 2018-2019 de nouveaux axes de développement dans une perspective ouverte et innovante. Entretien avec Damien Perillat, directeur général de PayPal Europe du sud.

Quelle est la situation de PayPal en 2018 ? Quid de votre positionnement en France et en Europe à date ?

2018 est une année intéressante pour PayPal. Nous fêtons cette année notre vingtième anniversaire et notre troisième année d’existence en tant qu’entité indépendante d’eBay et cotée. Ces années sont pour nous des années transformationnelles. Cela se reflète dans nos chiffres, avec une forte croissance ces derniers mois et des revenus de 13 milliards de dollars en 2017. Nous comptons 237 millions de clients actifs, dont pratiquement la moitié en dehors des Etats-Unis. Le volume des paiements se développe, notamment sur le mobile, avec une croissance de 52 % au premier trimestre 2018. Cette logique de croissance est soutenue. Elle n’est pas prête de s’essouffler et va au contraire s’accélérer grâce à deux facteurs. D’une part, la numérisation de l’économie, sujet qui évolue et sur lequel la France se trouve dans la moyenne européenne, avec une marge de progression non négligeable. D’autre part, la multiplication des terminaux mobiles et le renforcement des cas d’utilisation, qui participent à la transformation de la façon de consommer et au changement de paradigme, créateur de nouvelles opportunités. Partant de ce constat, la mission de PayPal est de participer à la démocratisation des services financiers, sujet sur lequel la technologie doit être une force. N’oublions pas ainsi que deux milliards d’individus dans le monde restent exclus des services financiers traditionnels. PayPal souhaite également être un système d’exploitation du monde digital aussi bien pour les particuliers que les entreprises.

Quelles actions comptez-vous mener pour poursuivre ces objectifs ? Vous avez récemment annoncé l’acquisition d’iZettle. Comment cette initiative s’inscrit-elle dans votre stratégie ?

L’acquisition d’iZettle s’inscrit dans l’élargissement de notre offre à destination des clients. Les PME doivent, à notre sens, être actrices de la révolution digitale, au même titre que tous les autres acteurs, de l’offre comme de la demande. C’est pourquoi nous avons décidé de miser sur l’enrichissement perpétuel de notre offre, par le biais de partenariats – comme Google récemment – ou d’acquisitions à l’image d’iZettle que vous citez, ou encore Braintree.

C’est-à-dire ? Sur quels axes de développement misez-vous à moyen terme ?

PayPal se veut agnostique en termes de technologie. Nous souhaitons nous positionner sur tous les pendants d’activité, bien entendu avec des logiques différentes selon le niveau de maturité des marchés. Par exemple, dans certains pays, nous misons sur un positionnement domestique alors même que dans d’autres, plus tournés vers l’international, notre stratégie se veut plus transfrontalière. L’alliance avec mPesa s’inscrit justement dans cette stratégie d’ajouter une couche supranationale à une initiative régionale en donnant accès, aux utilisateurs de mPesa en Afrique, à un service transfrontalier. Sur les marchés que je couvre, en Europe – essentiellement France, Espagne, Italie et Portugal – PayPal a plus vocation à s’inscrire dans le quotidien des consommateurs avec des services à valeur ajoutée facilitant les usages, par exemple le P2P ou encore la récolte de fonds. N’oublions pas que la France est le quatrième pays de PayPal au niveau mondial en termes de comptes actifs, avec un taux de croissance important.

Comment comptez-vous faire évoluer votre politique de partenariat avec les différents acteurs ?

A la suite de notre séparation avec eBay, nous avons déclaré que nous souhaitions être une plate-forme neutre et universelle. Ces derniers mois, nous avons considérablement fait évoluer nos partenariats avec différents acteurs, notamment les réseaux de cartes, et les banques comme Barclays au Royaume-Uni ou encore CaixaBank en Espagne. De même avec les Gafa et nouveaux acteurs, avec des partenariats avec Google, Facebook sur une intégration sur Messenger, Apple sur le sujet iTunes, ou encore Samsung.

Comment réagissez-vous aux évolutions réglementaires européennes notamment la DSP2 et le volet open banking, ou encore les travaux sur l’instant payment ?

PayPal est une entité d’origine US mais dispose du statut d’établissement de crédit en Europe, avec différents passeports pour l’activité dans les divers pays. A ce titre, nous estimons que nous avons beaucoup de chance d’avoir un marché unique européen avec différents aspects pratiques comme l’harmonisation des règles. L’autre aspect positif repose sur le fait que, dans le Vieux Continent, le régulateur a très tôt encouragé l’innovation. Nous observons donc cette réglementation avec un regard positif, propice au renforcement de la concurrence et de l’innovation. Concernant le sujet plus spécifique de l’open banking, rappelons que PayPal, qui est l’un des plus gros facilitateurs de SEPA en Europe, a ouvert ses API depuis 2009.

Quel est votre positionnement sur les innovations émergentes de type blockchain et intelligence artificielle ?

Notre positionnement sur ces innovations est clair : il faut s’interroger sur la praticité de ces technologies et travailler sur les usages pratiques. Ce débat n’est pas nouveau : la multiplication des objets connectés et le renforcement de leur utilisation font nécessairement émerger des débats sur le computing power et les données. D’où la nécessité de recontextualiser ces innovations au sein de l’écosystème. Sur l’intelligence artificielle, nous pensons que le cas d’usage le plus concret est la gestion du risque et la fraude. Comme dans le cas de notre produit One Touch utilisé par 92 millions de consommateurs, nous pouvons nous baser sur la data et nos algorithmes pour identifier automatiquement le client. Sur la blockchain, nous nous interrogeons sur la façon dont nous pourrions capitaliser sur une architecture de paiement décentralisée. Dans les deux cas, l’important est de trouver l’équilibre entre innovation et sécurité dans un contexte où, comme le démontre l’entrée en vigueur du RGPD, la protection de la donnée devient un enjeu de confiance crucial pour les acteurs du paiement comme PayPal.

Propos recueillis par Andréa Toucinho, consultante moyens de paiement et services financiers, ADN’co